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La MAS Frédéric Dewulf a vu le jour en décembre 1993. Retour sur les 30 années passées.

En avril 1993, la première pierre était posée à Baisieux. Neuf mois plus tard, le 13 décembre 1993, la maison d’accueil spécialisée accueillait ses premiers résidents. Une construction en un temps record pour respecter les délais imposés par l’Etat. A la fin des années 1980, il n’existait qu’une MAS dans le département. A Bondues, l’établissement a ouvert ses portes en 1988 au terme d’un projet mené par l’association ACG MAS, créée par Les Papillons Blancs de Roubaix-Tourcoing et de Lille. Peu de temps après, 8 Apei du Nord se sont regroupées pour mener des projets de création de MAS.

950 places créées dans le Nord

Un plan MAS est alors déployé au niveau national. 1500 places sont attribuées au territoire du Nord-Pas-de-Calais. A elles-seules, les 8 Apei se mobilisent pour la création de 950 places. Mais les délais sont serrés et la recherche d'un terrain pas simple. En septembre 1992, des liens sont noués avec la commune de Baisieux. Des terrains privés et communaux sont disponibles et la commune vient de perdre une entreprise. Sans tarder, 2,5 hectares son acquis par l'Apei de Lille qui s'engage auprès des élus à créer des emplois.

Les investissements sont lourds, la date butoir approche à grands pas mais l'on se retrousse les manches pour avancer face au manque criant de solutions pour les familles concernées. Quelques semaines avant l'ouverture de la MAS de Baisieux, 250 personnes sont inscrites sur la liste d'attente.

Un lieu de vie qui rend les résidents heureux

Daphnée Chombeau, éducatrice spécialisée, a vécu l'ouverture, "une belle richesse". En décembre 1993, avec ses collègues, elle accueille les premiers résidents en maisons 1 et 2. Un mois plus tard, les maisons 4 et 5 sont occupées, suivies en mars de la maison 3. "Nous avons fait connaissance petit à petit et avons constitué des plannings en fonction de ce que nous pressentions qu’ils aimeraient. Nous avons testé, expérimenté, fait des erreurs… et nous sommes appuyés sur les familles, guides dans l’accompagnement de leur enfant." La MAS devient "un lieu de vie qui rend les résidents heureux."

Beaucoup de résidents viennent d'IME, d'autres d'hôpitaux psychiatriques, à l'instar de Dominique Vaneuil qui rejoint la MAS après 5 années en milieu hospitalier. "Contrariée" que Dominique ne soit pas à sa place en milieu hospitalier, Viviane Vaneuil, sa mère, vit l’arrivée avec soulagement. Dominique peine à trouver ses repères dans ce nouvel environnement. Une fois habitué, ses parents privilégient les visites plutôt que les retours à la maison. Les rencontres et moments de fête qui s'installent à la MAS deviennent alors précieux.

Des années joyeuses, une forme de foi partagée, l'impression de se connaitre et d'avoir un chemin à parcourir ensemble

 Les premières années de la MAS sont marquées par l’engagement des familles. Georgette et Daniel Sartelet, parents de Séverine, saluent "le travail de familles, l’implication de pionniers pour faire naître un établissement qui est arrivé à point nommé". Un "militantisme pur" dont a naturellement découlé la création d’une "communauté". "Je me souviens d’années joyeuses, d’une forme de foi partagée, l’impression de se connaître et d’avoir un chemin à parcourir ensemble", résume Daniel Sartelet, fortement engagé, notamment au sein de l’Apajh.

Lorsque Séverine arrive à la MAS, ses parents trouvent "enfin une solution" mais Georgette Sartelet doit "surmonter [ses] peurs". Petit à petit, la confiance s’installe et c’est "une nouvelle aventure" qui démarre. Séverine est "chez elle" et la maman ressent chaque vendredi l’atmosphère de la maison, lorsqu’elle rejoint à Baisieux les mamans couture, un groupe dont elle a toujours fait partie. Entre autres implications, son époux et elle ont longtemps et activement participé à l’organisation des fêtes à la MAS.

Longtemps investie au sein de la commission des fêtes de la MAS, Françoise Flamand, maman de Thibaud, se rappelle avec nostalgie "des fêtes mémorables qui réunissaient résidents, parents, professionnels et habitants de Baisieux". "Après le parcours du combattant vécu par tant de familles, la création de la MAS, c’était un bonheur pour nous. Certains ont tellement travaillé pour cette ouverture. Nous, nous essayions d’amener autre chose, des rencontres, du bénévolat, des fêtes." 

"Soudés par le handicap", les parents agissent avec et en parallèle des professionnels pour faire vivre la MAS, illustre Nadine Vanhoutte, maman de Thomas : "Il y a eu des activités bénévoles en poterie, un atelier bois, des randonnées avec des habitants… Et puis toujours une occasion de faire une fête !" Son époux, Christian, aujourd’hui administrateur délégué au sein de la MAS, et elle, se souviennent d’une participation aux 24 heures cyclistes à Villeneuve-d’Ascq, de l’accueil de la course du chicon, d’une randonnée à travers le domaine de Luchin, des jonquilles longtemps vendues sur le bord de la route, de motards qui ont emmené les résidents en vadrouille, de virées en rosalies à l’occasion de la Ronde des Six Heures, de spectacles de danse partagés avec les résidents en fauteuil, de fêtes pour lesquelles on a dû refuser du monde...

Esprit de famille

Après la ferveur des débuts puis l’installation d’un rythme de croisière, le rythme festif ralentit au fil des ans. Les parents vieillissent, les temps changent et la crise sanitaire passe par là. Mais l’esprit de fête reste ancré. Loto, marché de Noël, fête d’été… continuent de faire vivre la MAS, sans compter toutes les fêtes internes qui animent le quotidien des résidents. De l’avis général, il règne un esprit de famille dans cet établissement où les valeurs associatives d’accueil et de soutien des familles s’expriment pleinement. 

La P’tite MAS en 2017

Fin 2017, à côté de la MAS Frédéric Dewulf, la P’tite MAS a ouvert ses portes pour accueillir des personnes âgées de 16 à 25 ans. Elle constitue une forme de sas entre le monde des adolescents et celui des adultes.
Fin 2020, la MAS à domicile était créée, amenant une nouvelle forme d’accompagnement. Expérimenté pendant 3 ans, le dispositif est pérennisé depuis peu. 9 personnes sont actuellement accompagnées.
Au total, l’établissement bénéficie d’un agrément de 115 places qui conjuguent internat, accueil de jour, accueil modulable, temporaire et à domicile.


Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine PBL n°22 (page 18)


 

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